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Par La plume de N. Ghis. le 20 Août 2019 à 14:47
Maisons hantées et fantômes : récits en Haute-Normandie
Les murs auraient une mémoire et conserveraient le souvenir de leurs habitants. On connaît l’Écosse pour ses fantômes mais la Normandie abrite aussi quelques récits à frissonner...
Fantômes, âmes errantes et esprits frappeurs ont élu domicile en Normandie (©Fotolia).Qu’on les appelle entités, esprits ou fantômes, les âmes hanteraient des lieux dont les murs auraient conservé la mémoire. Légende ou réalité ? Qu’on y croit ou pas, nombreux sont les récits qui rapportent des phénomènes étranges et angoissants observés ou ressentis par des humains. C’est à un gendarme que l’on doit une véritable étude des phénomènes de hantises. Le gendarme Émile Tizané rapporta ainsi de nombreux cas de hantises et de poltergeists, dans Le mystère des maisons hantées (1977) marchant sur les pas de Camille Flammarion qui avait déjà écrit son ouvrage Les maisons hantées. Aujourd’hui, des centres sur le paranormal dans les universités se penchent sur ces manifestations étranges qui viennent rompre l’harmonie d’un lieu. Récemment, un petit village du Nord s’est rendu célèbre pour les phénomènes étranges qui se sont déroulés dans un pavillon de Mentque-Nortbécourt.
Découvrir le reportage de France3 Nord-Pas-de-Calais, ici :
Âmes errantes et esprits au Havre
Les phénomènes observés sont divers : déplacements d’objets, courants d’air froid, bruits dont la source demeure non-identifiée, apparitions… autant de manifestations recensées et de témoignages recueillis. Le Havre n’échappe pas à cette tradition des hantises. Il existe plusieurs sites hantés dans la ville, mais, souvent, leurs propriétaires préfèrent demeurer muets sur ces habitants d’un autre-monde qui pourraient faire fuir tout acheteur potentiel. Si les témoignages recueillis et entendus rapportent des phénomènes, peu nombreux sont les témoins qui parlent sans honte. Jean-Michel Harel a néanmoins rassemblé ces contes et légendes dans Visite du Havre des légendes et coutumes, un recueil de 42 pages, trace des visites guidées effectuées autrefois par le Havrais, consultable à la bibliothèque Armand Salacrou du Havre, évoquant ainsi les étranges récits de la cité. Au Havre, plusieurs lieux auraient été hantés : une maison du quartier Saint-Vincent aurait abrité des Haïtiens qui auraient pratiqué le Vaudou.
« Toute la côte est très marquée sur le plan spirituel ; ce qui pourrait expliquer les récits qui entourent certains sites : on dit que l’église Saint-Michel D’ingouville abriterait un secret caché. De même, revenants et briseurs de vitres auraient rôdé près de la côté d’Ingouville. Une tombe diabolique, plus précisément aux motifs diaboliques, se trouve au cimetière Sainte-Marie », indique Jean-Michel Harel.
Voilà qui fait froid dans le dos.
Des forces et présences observées en centre-ville
Parmi les nombreux récits qui circulent, il en est un qui rappelle les plus mauvais films d’angoisse : un tunnel abriterait une force que certains ressentiraient lors du passage en voiture. Le tunnel, en question, c’est celui de Jenner : un lieu connu de tous, inscrit dans la ville, assurant la liaison entre ville haute et ville basse. Alors, légende urbaine ou expérience extra-sensorielle, des récits ont été recueillis et certains voyageurs, traversant ce passage, auraient observé des phénomènes étranges. Ils rapportent avoir ressenti comme une force les poussant à accélérer à la sortie du tunnel. Des actes incontrôlés qui pourraient conduire à l’accident, voire à la mort. Qui vient donc hanter ce lieu de passage ? Qui sont ces revenants et ces forces présentes dans le lieu ? Souvent, ce sont les lieux liés à la mort qui sont le théâtre de phénomènes étranges.
Le pavillon des revenants
Le bâtiment disparu, mais autrefois implanté rue maréchal Joffre, que l’on a coutume d’appeler le pavillon des revenants, est un lieu qui a « glacé les sangs de nombreux Havrais » :
« Ce bâtiment effrayait les Havrais : on disait y avoir entendu des bruits de chaînes et vu des fantômes en train de descendre les escaliers », confie Jean-Michel Harel.
Même si les lieux où se produisent de tels phénomènes sont souvent flous, des zones sont identifiées dans la ville : le quartier de l’ancien hôpital Flaubert serait, par exemple, fortement exposé à des présences d’outre-tombe.
Des quartiers hantés par des fantômes
Certains rapportent avoir ressenti des présences dans leur appartement, entendu des bruits et martèlement dans les plafonds, tous les soirs, à heure fixe. Les ampoules auraient éclaté, en même temps, dans un même immeuble, mais dans des appartements différents. Synchronicité, hasard ou hantises ? Comble de l’effroi : des chuchotements et murmures auraient été entendus, alors que toute absence humaine avait été constatée. Une habitante rapporte même avoir retrouvé une trace de main sur un placard de cuisine situé en hauteur : nul n’aurait pu l’atteindre sans escabeau. Aux Gobelins, une bête aurait erré rue d’Epremesnil, non loin de la mare au cercueil, où ledit tombeau entouré de torches se présentait aux passants, invités à soulever le couvercle. Le geste accompli, un bruit monstrueux retentissait, puis rien. Mystère ou fantasme ? Les fantômes ont la peau dure et leurs récits résistent au temps !
Un cas de Poltergeist à Danton, au Havre
C'est dans le quartier Danton, dans un café-restaurant, qu'eut lieu un cas de poltergeist.Un cas de hantise est bien connu des Havrais versant dans les histoires insolites : un restaurant du quartier Danton aurait été le théâtre de phénomènes étranges dans les années 1970. Un célèbre ouvrage de René Le Tenneur, Magie, sorcellerie et fantastique en Normandie. Des premiers hommes à nos jours, rapporte le récit d’un cas d’esprit frappeur (traduction française de l’allemand Poltergeist, terme bien connu grâce au film éponyme de Tobe Hooper) qui aurait hanté un restaurant du quartier Danton. Dans les années 70, ce café-restaurant aurait été bouleversé par des phénomènes inexpliqués qui se produisaient dans les lieux…
Couverts et verres volaient
Le Tenneur rapporte dans ses écrits que les « assiettes, vitres et verres se brisaient spontanément ». De même, phénomène on ne peut plus impressionnant : les fourchettes quittaient les tables, volant dans la salle de restaurant et risquant de blesser quelqu’un. Les bouteilles, paraît-il, se promenaient au plafond et les objets se projetaient contre les murs ou passaient à travers les vitres. Pour couronner le tout, trois départs d’incendie auraient eu lieu dans la cuisine, sans raisons apparentes. Les phénomènes auraient débuté avec l’arrivée d’un ouvrier anglais, Harold, venu effectuer des travaux de peinture avec son fils de 14 ans.
Un adolescent à l’origine des manifestations
Ce serait ce jeune adolescent qui aurait été le support à la manifestation : un cas de poltergeist classique où les adolescents jouent souvent un rôle. Une fois le garçonnet éloigné, tout rentra dans l’ordre et les étranges vols de couverts et bris de verres ne se reproduisirent pas. Alors que ces événements avaient effrayé la clientèle et que cette histoire de hantise contribuait à la mauvaise réputation de l’établissement, Harold, acteur malgré lui de ces étranges phénomènes générés par sa progéniture, s’étonna de la réaction des Français face au surnaturel : « C’est curieux, ici, les gens se sauvent. Chez nous, en pareil cas, ils auraient fait la queue devant la porte. » Est-ce là la trace d’un héritage so british qui a fait des histoires de fantômes un élément patrimonial ? Peut-être, mais au Havre, ce lieu reste non identifié : détruit aujourd’hui, il aurait été situé en face du café Le Parloir. Info ou intox ? Le récit demeure et perdure au-delà du temps, signe de la mémoire des murs ?
Un cas célèbre à Dieppe
Outre les loups-garous croisés sur nos terres de légendes, d’autres villes et sites normands abritent des histoires de hantises et phénomènes d’apparitions. Le récit des deux Anglaises à Dieppe est l’un des plus célèbres de la côte normande.
Le 4 août 1951, à Puys, près des plages de Dieppe, alors qu’elles étaient en vacances, Dorothy Naughton et sa belle-sœur, Agnès, se sont retrouvées au beau milieu d’une bataille fantôme. Elles ont été réveillées à 4h du matin par des coups de feu et des hurlements. Durant trois heures, elles sont restées assises et horrifiées, observant une bataille au cours de laquelle les avions ont bombardé la ville balnéaire. Dix ans plus tôt, c’est au même endroit que s’était déroulée l’opération Jubilee, conçue par l’amiral Louis Mountbatten. La bataille de Dieppe fut un tragique échec pour les Alliés. Les deux Anglaises auraient revécu cette épisode tragique de l’histoire, assistant dix ans plus tard à cette bataille. Rêve, projection ? Des fantômes hantent-ils les côtes dieppoises ?L’abbaye de Mortemer
L'abbaye de Mortemer hantée et exorcisée en 1921 (©Jonathan/Fotolia).Depuis plus de 80 ans, Mortemer est un lieu hanté. Nul ne cache l’histoire et les contes et légendes abrités par les lieux.
« Simple légende, la Garrache, cette femme louve apparue en 1884 à Roger Saborreau ? Mathilde, la dame blanche, femme et rêve la fois, où bien encore, les fantômes des quatre moines massacrés sous la Révolution ? La population refuse d’y croire mais la rumeur y fait sans cesse référence. »
L’Abbaye a été exorcisée en 1921. Aujourd’hui encore, il arrive que les lignes téléphoniques se mélangent, le courant subit des baisses de tension inexplicables malgré les travaux effectués et la venue de spécialistes. Les lieux se visitent encore et sont toujours imprégnés de ces mystérieux épisodes. Si vous vous égarez sur ce magnifique site, qui sait ? Peut-être y croiserez-vous la diaphane Dame blanche, errant toujours sur les traces du passé ?
Laissez-vous tenter par la découverte de ces lieux et quartiers. Les mystères n’appartiennent pas qu’à l’Écosse. Nous avons, nous aussi, nos fantômes !
Et vous, croyez-vous aux fantômes ? Avez-vous déjà été témoins de phénomènes paranormaux ? Racontez-nous !
2 commentaires -
Par La plume de N. Ghis. le 18 Octobre 2019 à 12:19
PUBLIÉ LE 15/10/2019
A RETROUVER DANS
LES LIVRES À LIRE" Magazine " Enquêtes.
Transe, une médecine du futur ?
Si toutes les cultures ont depuis la nuit des temps développé des techniques pour provoquer la transe à des fins thérapeutiques, les « états modifiés de conscience » sont aujourd’hui utilisés par des professionnels de santé et étudiés avec intérêt par les neuroscientifiques. Vieille de plusieurs millénaires, la « transe » sera-t-elle une médecine du futur ? Comment expliquer les guérisons soudaines qu’elle est à même de provoquer ?
Du latin transir, la transe désigne le passage d’un état de conscience à
un autre. Si elle peut être provoquée à l’aide de techniques spécifiques,
le Dr Thierry Servillat, psychiatre hypnothérapeute, rappelle qu’elle est
avant tout une possibilité naturelle offerte à l’espère humaine
(et certainement à d’autres). Sa consœur Djohar Si Ahmed insiste en
disant qu’elle serait même une nécessité quasi physiologique pour notre
psyché, comme en témoigne la « transe commune quotidienne », état de
rêverie dans lequel nous entrons spontanément, toutes les deux heures
environ, sans même nous en rendre compte. Surmontant le regard
sceptique de ses collègues et le tabou qu’a posé notre société sur ces
phénomènes de transe considérés jusqu'à ce qu'il y a peu de temps
comme primitifs et irrationnels, cette psychanalyste a osé s’intéresser de
près à ces états modifiés de conscience, d’où peuvent surgir un matériel
et des capacités ignorés à l’état vigile. À travers la méditation,
l’hypnose, la respiration holotropique, le rêve éveillé, la PNL
ou le voyage chamanique, les méthodes d’induction permettant d’entrer
dans des états modifiés de conscience sont multiples,
mais toutes sollicitent nos sens, que ce soit par une hypo
ou hyper-stimulation.
« Les éléments sensoriels sont les briques de la transe hypnotique,
explique Thierry Servillat. En faisant appel à des images colorées, des
sons, des goûts, des odeurs, des sensations tactiles et musculaires, le
thérapeute tisse une histoire qui transporte le patient dans un voyage
de conscience. »
Quel que soit son mode d’induction, l’état de transe permettrait de
découvrir ce qui existe au-delà de notre perception ordinaire, à savoir
des possibilités de changement beaucoup plus grandes que celles que
l’on conçoit dans la veille restreinte qui régit notre quotidien.
« Toutes ces expériences peuvent être vécues comme le passage d’un
seuil, entre le monde d’ici et maintenant, connu comme lieu de
souffrance et de dysharmonie, et un autre monde encore inconnu, le
monde des possibles dans lequel va se réaliser une métamorphose, une
nouvelle naissance », écrit le médecin Gérard Vigneron.
Réveiller des capacités innées de guérison
D’un point de vue psychologique, ce qui explique la puissance deguérison des états de transe, c’est qu’ils réveillent les ressources internesprésentes en tout un chacun. S’ils stimulent des visions oul’imagination, celles-ci ne sont pas considérées comme de simplesfantasmes, mais comme de nouvelles formes d’expérience vécue.Dans ces états particuliers de conscience, le patient peut alors toucherun retournement, « faire exploser » ses croyances limitantes,et entrer dans une manière totalement différente de voir et de vivreune situation qui était jusque-là source de souffrance.« Le pouvoir d’imaginer devient un pouvoir de reconfigurer le monde »,précise Gérard Vigneron.
En outre, dans ces états de transe, la conscience, s’émancipantde ses contraintes habituelles – corporelles, spatiales, temporelleset logiques – peut s’ouvrir à des informations nouvelles,inaccessibles à l’état de veille et difficilement atteignables par lesthérapies habituelles.« Cet affranchissement, qui pourrait potentiellement donner accèsà la totalité des informations contenues dans l’univers, est,dans les faits, extrêmement bien régulé par l’inconscient du sujet,qui n’actualise que le strict matériel nécessaire à son évolutionet à sa guérison. Ce qui implique l’existence d’un dispositif endogèned’autorégulation et de restructuration, qui est un des attributsdu guérisseur interne », écrit Djohar Si Ahmed. Les états modifiésde conscience ouvriraient ainsi l’accès à l’inconscient, ce « grandmagasin de ressources et de souvenirs » pour reprendre les termes dupsychiatre américain Milton Erik-son, père de l’hypnose clinique.Parmi le matériel possiblement exhumé dans de tels états figurentles secrets de famille, les épreuves périnatales, des événementsbiographiques et transgénérationnels refoulés. Pour Djohar Si Ahmed,l’efficacité thérapeutique de ces états de consciences’explique par la mobilisation de tous les niveaux de l’être,qu’ils permettent (physiologique, psychologique, cognitif et spirituel)et par la possibilité de « déployer le ou les symptômes », c’est-à-dire,de revivre le moment traumatique, de retrouver les affects, sensationset émotions qui ont été réprimés à cet endroit, de les laisser se déployer jusqu’au bout et de permettre ainsi leur dépassement.« Le déploiement du symptôme libère du même coup une quantité colossale d’énergie jusque-là utilisée dans son maintien »,précise-t-elle. d'Après son expérience, plus les enjeux sont dramatiques,plus les effets d’une transe peuvent être fulgurants.Dans d’autres cas, un cheminement plus ou moins longsemble nécessaire pour que le patient apprivoise le processusd’ouverture et renonce peu à peu aux « bénéfices secondaires » que lamaladie ou le mal-être pourrait lui apporter.
Un impact physiologique
Dotés d’outils toujours plus précis, nombreux sont lesneuroscientifiques qui tentent depuis une dizaine d’années de mieuxcomprendre la transe, ses causes et ses effets.
Plusieurs études concernant l’hypnose,et la méditation avaient déjà mis en évidenceune activation cérébrale de l’hémisphère droit et du cortex préfrontal.« Ce qui est étonnant, c’est qu’en faisant imaginer une action à unpatient, les zones cérébrales qui s’allument sont les mêmes que si lepatient l’accomplissait pour de vrai ! », précise Thierry Servillat ;Mais ce qui se joue dans le cerveau lors de ces« expansions de conscience »se verrait principalement au niveau des fréquences cérébrales.Le chercheur en biophysique Denis Bédat nous explique :« À tout moment, toutes nos fréquences cérébrales sont actives,mais en fonction de notre état, certaines prédominent.Alors que nous passons la majeure partie de notre quotidien dans lesfréquences de Bêta, en état alerte, actif, voire anxieux. Lesétats de transe utilisés par les psys nous font passerdans une dominance de fréquences plus basses, en Alpha/Thêta,aux alentours de 8 Hz, un état relaxé, serein, voire hypnagogique.De nombreuses études ont confirmé le rôle de ces fréquencesdans la récupération des souvenirs à long terme, les associations libres,l’inspiration créative et les sensations d’unité. Les bas niveaux de Delta(de 0,5 à 3,5 Hz) sont réputés quant à eux pour favoriserla régénérescence physique, l’inspiration, les visions spirituelleset les expériences extracorporelles. Mais rares sont ceux d’entre nousqui parviennent à demeurer dans ces basses fréquences par soi-mêmesans s’endormir. »Le chercheur nous précise que l’état frontière entre Alpha et Thêtaest l’un des plus intéressants pour la guérison psychologique,la vibration Thêta apportant la profondeur de la matière,et l’Alpha une clarté et une lucidité hors pair.« Votre conscience peut alors observer les compartiments les plusprofonds de votre esprit. »
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