• Je viens de terminer la lecture de deux ouvrages récents sur la ponctuation et, parce que ces ouvrages m'ont éclairée, j'ai pensé qu'une synthèse (partielle) de ces lectures pourrait sans doute vous être utile également.

    Les ouvrages dont il est question sont la dernière édition (13e) du Bon Usage, largement refondue par Gosse, et un exposé de Nina Catach sur l'histoire et le système de la ponctuation, paru dans la collection Que sais-je? en 1994.

    Le système de la ponctuation : survol historique

    Nina Catach rappelle que la ponctuation existe depuis fort longtemps. Déjà, les Grecs d'Alexandrie (IIIe, IIe siècles av. J.-C.) utilisaient le point, dans trois positions, pour marquer une ponctuation forte (point en haut), moyenne (point au milieu) ou faible (point en bas). Elle souligne les besoins (aide à la lecture, puis à la récitation et au chant) qui ont fait naître la ponctuation. Elle rappelle ensuite que le premier véritable traité de ponctuation française (destiné aux imprimeurs) date de 1540. Il a été rédigé par Estienne Dolet, humaniste et éditeur. Elle poursuit son parcours historique en mentionnant que les premiers travaux concernant la ponctuation moderne ont été produits par les grammairiens de la Grammaire générale (XVIIIe siècle). Elle s'attarde principalement aux travaux de Beauzée[1], s'inspirant largement de la pensée de ce grammairien pour fonder sa propre réflexion sur la fonction de la ponctuation dans le processus d'expression de la pensée. Elle rapporte ensuite succinctement les principales différences entre la ponctuation du XVIIIe siècle et la nôtre. Elle mentionne ensuite que les grammairiens du XIXe et du XXsiècles « ne parlent pratiquement plus de ponctuation », qu'un fossé sépare les enseignements donnés par les manuels de typographie et la pratique réelle, et que les grammaires scolaires, « lorsqu'elles parlent de ponctuation, s'abstiennent de toute réflexion propre ». Elle termine son survol historique en faisant état de quelques travaux récents dignes de mention[2].

    La ponctuation moderne

    Nina Catach distingue d'abord trois ordres de signes :

    • la ponctuation du texte ou mise en page (paragraphes, alinéas, majuscule, point final);
    • la ponctuation de la phrase (coordination, subordination, modalités);
    • la ponctuation inférieure à la phrase : parties du discours, mots (blancs et majuscules de mots, point abréviatif), parties de mots (trait d'union et de division, apostrophe).

    C'est la ponctuation de la phrase qui a retenu davantage mon attention.

    Catach s'intéresse au signe de ponctuation en tant qu'indice concret constituant « une information précieuse sur les processus par lesquels la pensée se met en forme et devient verbe[3] ». Comme Beauzée, elle suppose que, « au départ, la "masse informe du sens" se déploierait dans le cerveau en une sorte d'ensemble géométrique multiforme, comme on le voit dans les rêves[4] ». Pour être exprimée, cette masse informe devrait s'organiser et se découper en formes (structures syntaxiques : idées et rapports entre les idées), formes par la suite réalisées concrètement par des mots, exprimés avec intonation (à l'oral) ou accompagnés de virgules et de points (à l'écrit).

    La réflexion de Catach sur la ponctuation (comme celle de Beauzée) est intéressante parce qu'elle porte constamment à la fois sur la forme (syntaxe et usage des signes) et sur le sens (d'où la nécessité d'un système de ponctuation suffisamment souple pour permettre à l'auteur, à l'intérieur d'un cadre clairement établi, de s'exprimer véritablement).

    Quelle ponctuation enseigner?

    J’exposerai d'abord les règles de ponctuation, puisées dans la dernière édition du Bon Usage, mais simplifiées et réorganisées en tenant compte des considérations de Nina Catach. Je rapporterai ensuite quelques lois fondamentales de la ponctuation formulées par cette dernière.

    RÈGLES DE PONCTUATION

    1. LES SIGNES DE CLÔTURE

    1.1 Le POINT FINAL se place à la fin d'une phrase déclarative ou impérative.

    Il neige abondamment.
    Ouvrez la porte.

    1.2 Le POINT D'INTERROGATION se place à la fin d'une phrase interrogative directe.

    Que feras-tu l'été prochain?
    (mais : Pierre se demande ce qu'il fera l'été prochain.)

    Il peut également se trouver à l'intérieur d'une phrase.

    Peut-être viendra-t-il nous saluer, qui sait?, avant de partir.

    1.3 Le POINT D'EXCLAMATION se place à la fin d'une phrase exclamative, ou après une interjection ou un mot expressif.

    Comme cet exercice me plaît!
    Ah! il fait beau!

    1.4 Les POINTS DE SUSPENSION expriment le non-dit, l'inachevé. Ils peuvent se trouver à la fin ou à l'intérieur de la phrase.

    Il avait acheté les fruits de la saison : fraises, framboises, mûres...

    2. LES SIGNES DE STRUCTURATION DE PHRASE

    2.1 Le POINT-VIRGULE

    a) Le POINT-VIRGULE est utilisé pour relier deux sous-phrases dont le sens est étroitement lié; ces deux sous-phrases peuvent être juxtaposées ou coordonnées au moyen d'un adverbe de liaison.

    L'émission tire à sa fin; le générique commence à défiler. (juxtaposition)
    L’émission tire à sa fin; en effet, le générique commence à défiler. (coordination)

    b) Le POINT-VIRGULE est utilisé à l'intérieur d'une phrase pour séparer des éléments coordonnés d'une certaine étendue, surtout lorsqu'un de ces éléments au moins est déjà subdivisé par une ou des virgules.

    Dans une des compositions florales, l’artiste avait mêlé des fleurs cultivées et des herbes sauvages : on retrouvait entre autres des tiges de blé, naturelles et légèrement teintées orangé; des quenouilles, dressées à l'arrière; des roses rouges, séchées, en dominante; et de petites fleurs blanches, pour uniformiser l’arrangement.

    2.2 Le DEUX-POINTS

    Le DEUX-POINTS sert essentiellement à annoncer quelque chose (une citation, une énumération, une explication...).

    Jeanne, soudain, se mit à rire : l'éminent chirurgien qui se trouvait devant elle portait une chaussure noire et une chaussure brune. (annonce une explication)
    Le professeur a dit : « Remettez vos travaux à temps. » (annonce une citation)
    Devant le comptoir de friandises, l'enfant voulait tout prendre : menthes, gommes à mâcher, réglisses... (annonce une énumération).

    2.3 La VIRGULE se place généralement devant une CONJONCTION DE COORDINATION.

    2.3.1 mais
    La conjonction mais doit être précédée d'une virgule. Cependant, si les éléments qu'elle relie sont brefs, la virgule devient facultative.

    Je vous confie ces livres, mais ne les perdez surtout pas.
    Elle a terminé la compétition de ski fatiguée mais fière.
    Remarque
    La conjonction mais peut relier des phrases ou des sous-phrases. Elle peut également relier des propositions (subordonnée, participiale, infinitive), des syntagmes ou des mots de même fonction.

    2.3.2 car
    La conjonction car doit obligatoirement être précédée d'une virgule.

    Notre carte postale ne lui parviendra pas cette semaine, car les postes sont en grève.
    Remarque
    La conjonction car ne peut être utilisée qu'à l'intérieur d'une phrase, pour relier des sous-phrases. Elle ne peut servir à relier des phrases.

    2.3.3 et, ou, ni
    a) Les conjonctions et, ou, ni ne sont généralement pas précédées d'une virgule. Cependant, elles doivent être précédées d'une virgule dans une énumération de trois éléments et plus lorsqu'elles apparaissent devant plus d'un élément.

    La comtesse était jeune, et belle, et riche, et plus que généreuse.
    Au bal masqué, je n'ai reconnu ni ta mère, ni ton frère, ni ta sœur aînée.
    Remarque
    Les conjonctions et, ou, ni peuvent relier des sous-phrases. Elles peuvent également relier des propositions subordonnées, des syntagmes ou des mots de même fonction.

    b) Les conjonctions et, ou ne sont généralement pas précédées d'une virgule. Cependant, elles doivent être précédées d'une virgule, peu importe le nombre d'éléments qu'elles coordonnent et même si elles ne se retrouvent que devant le dernier élément, lorsque :

    • les termes coordonnés sont longs et complexes;
    • le sujet de la deuxième proposition indépendante est différent du sujet de la première;
    • le dernier élément contient un terme qui ne doit pas être rapporté aux autres éléments.
    Les seuls sports que pratique Steve sont le ski el la planche à voile, et Judith les déteste tous deux.

    2.3.4 or

    a) La conjonction or ne peut être précédée d'une virgule. Elle doit obligatoirement être précédée d'un point ou, plus rarement, d'un point-virgule.

    Didier et Béatrice voulaient s’y rendre en train; or, les cheminots étaient en grève.
    Remarque 1
    La conjonction or joue un rôle logique important. Elle est généralement utilisée pour relier une phrase à la phrase qui précède ou pour relier une phrase à un ensemble de phrases.
    Remarque 2
    Étant donné que la conjonction or joue un rôle logique important, il est peu approprié de l'utiliser à l'intérieur d'une phrase, pour relier des propositions indépendantes. Cet usage est cependant accepté, notamment dans les syllogismes. Dans ce cas, la conjonction or sera précédée d'un point-virgule.
    Tous les hommes sont mortels; or je suis un homme, donc je suis mortel.

    b) La conjonction or peut être suivie d'une virgule, mais cet usage est peu fréquent.

    2.4 La VIRGULE est obligatoire pour séparer les éléments d'une énumération[5].

    Tout était en solde : livres, cassettes, revues...
    On a besoin d'employés qui soient compétents, qui s'adaptent facilement, qui comprennent vite.Remarque
    Les éléments de l'énumération ne peuvent être que des mots, des syntagmes ou des propositions subordonnées de même fonction.

    3. LES SIGNES ASSOCIÉS AUX ACCIDENTS DU DISCOURS[6]

    3.1 ORDRE NATUREL

    Il n'y a généralement pas de virgule entre :

    • le sujet et le prédicat;
    • le verbe et ses compléments essentiels (même si le COI précède le verbe);
    • le verbe attributif (copule) et l'attribut;
    • le nom ou le pronom et le complément du nom ou du pronom (même si le complément du nom précède le nom).
      Anne, Julie et Claire ont toutes trois réussi leur examen.
      J'ai pu lire de nombreux romans l'été dernier.
      Tu remettras cette lettre à ton père.
      Elles paraissaient déçues de cette décision.
    Remarque 1
    La virgule devient possible entre le dernier terme du sujet et le prédicat lorsqu'il s'agit de sujets juxtaposés. Cependant, lorsque ce dernier terme résume l'ensemble, la virgule est rare.
    La pluie, le vent, le tonnerre, faisaient fuir les gens vers des abris temporaires.
    La pluie, le vent, le tonnerre, tout était contre nous ce jour-là.
    Remarque 2
    La virgule devient possible entre le sujet et le prédicat lorsque le sujet a une certaine longueur. Cependant, cet usage tend à disparaître.
    Le chemin de terre praticable qui, selon les gens du village, menait sans trop de risque au lac le plus spectaculaire de la région du sud-ouest du pays, était plutôt étroit el boueux.

    3.2 ADDITION D'UN ÉLÉMENT À VALEUR PUREMENT EXPLICATIVE

    Un élément à valeur purement explicative doit généralement être isolé au moyen de virgules.

    Remarque
    La virgule devient facultative lorsqu'une apposition ou une épithète détachée précède le nom.

    Un élément à valeur purement explicative peut être :

    • une apposition (nom qui caractérise un nom ou un pronom ou un infinitif);
      Étienne, le père de Simon, mettra sur pied une nouvelle équipe de soccer.
    • une épithète détachée (adjectif ou participe qui caractérise un nom et qui est partiellement mobile);
      Affamé, le loup se jeta sur sa proie.
      Le loup, affamé, se jeta sur sa proie.
    • une proposition explicative (relative ou participiale – participe présent ou passé – qui caractérise un nom).
      Les vieillards, qui se rajeunissent, sont ridicules. (relative explicative)
      [Ici, tous les vieillards se rajeunissent et sont ridicules.]
      Les vieillards qui se rajeunissent sont ridicules. (relative déterminative)

      [Ici, seulement ceux qui se rajeunissent sont ridicules.]
      Tante Émilie, portant son vieux tablier blanc, préparait des pâtisseries. (participiale explicative)
      Les joueurs portant un dossard jaune font partie de l'équipe adverse. (participiale déterminative)

    3.3 ADDITION D'UN TERME LIBRE

    a) La virgule se place généralement après un terme libre* en tête de phrase.

    Remarque
    Cette virgule devient facultative s'il s'agit d'un terme très court (peut-être, sans doute…)

    b) La virgule se place généralement avant et après un terme libre au sein de la phrase.

    Remarque 1
    Ces virgules deviennent facultatives s'il s'agit d'un terme très court (peut-être, sans doute…).
    Remarque 2
    L'une ou l'autre des virgules disparaît s'il y a concurrence de signes.
    Eh bien! pense Martine, il ne viendra pas ce soir.
    Remarque 3
    En cas d'élision, la première virgule disparaît.
    Nous allons acheter le pain tout de suite parce qu’après quatre heures, il risque de ne plus y en avoir.

    c) La virgule se place généralement avant un terme libre en fin de phrase.

    Remarque
    Cette virgule devient facultative s'il s'agit d'un terme très court (peut-être, sans doute...).* On entend par termes libres :
    • les mots mis en apostrophe;
      Andrée, pourrais-tu m'acheter un billet de théâtre?
      Pourrais-tu, Andrée, m'acheter un billet de théâtre?
      Pourrais-tu m'acheter un billet de théâtre, Andrée?
    • les éléments incidents (intervention personnelle de l'auteur, qui interrompt la phrase);
      Marisa est rentrée, à ce que je sache, dimanche dernier vers 19 h.
    • les incises (incidentes indiquant qu'on rapporte les paroles ou les pensées de quelqu'un);
      Les plantes, croyait-il, n'avaient pas de sentiments.
      Tiens! dit Simone, vous avez une nouvelle voiture?
    • les termes redondants (termes qui exercent la même fonction dans la même phrase et qui apportent la même information).
      Pierre, lui, aime ce genre de film.
      Quant à Marc, il préfère la ville à la banlieue.
      Moi, je ne crois pas à cette éventualité.
      L'important, c'est de participer. (reprise du sujet)
      Les chimpanzés, je les préfère libres. (reprise du COD)
      Satisfait, l'homme semblait le demeurer. (reprise de l'attribut du sujet)

    3.4 ADDITION D'UNE PROPOSITION ABSOLUE

    a) La virgule se place après la proposition absolue en tête de phrase.

    b) La virgule se place avant la proposition absolue en fin de phrase.

    La proposition absolue est constituée d'un sujet et d'un prédicat (participe présent exprimé ou sous-entendu), mais elle n'est pas accompagnée d'un mot introducteur.
    Les mains enfoncées dans les poches, notre jeune héros erre dans les rues.
    Le gamin tombe de l'arbre, se relève et marche sans broncher, une larme coulant sur sa joue.

    3.5 ELLIPSE

    La virgule sert à montrer qu'il y a ellipse dans la phrase (c'est-à-dire absence d'un ou de plusieurs mots).

    Marie ira à Boston et Paul, à New York.
    Marie mange un steak et Paul, des escargots.

    3.6 LE COMPLÉMENT CIRCONSTANCIEL OU LA PROPOSITION CIRCONSTANCIELLE

    a) La virgule se place après la proposition circonstancielle en tête de phrase.

    Quand il sera minuit, tu devras retourner à la maison.

    b) La virgule se place généralement après le complément circonstanciel en tête de phrase.

    Près du marché, on trouve plusieurs stations d'essence.
    Remarque 1
    La virgule est rare si le complément circonstanciel est très court.
    Ici les gens se contentent de peu.
    Remarque 2
    La virgule est rare s'il y a inversion du sujet.
    À l'horizon se profilent de grands voiliers.

    c) La virgule se place avant et après la proposition circonstancielle au sein de la phrase.

    Tu devrais, bien qu'il soit très tard, finir ton travail avant d'aller au lit.

    d) La virgule se place généralement avant et après le complément circonstanciel au sein de la phrase.

    On trouve, près du marché, plusieurs stations d'essence.
    Remarque 1
    Ces deux virgules deviennent facultatives si le complément circonstanciel est très court.
    Elle a visité hier la maison de ses rêves.
    Remarque 2
    En cas d'élision, la première virgule disparaît.
    Yves croit qu'avec l'aide de ses amis, il réussira.

    e) La proposition circonstancielle ou le complément circonstanciel employés en fin de phrase sont isolés par des virgules seulement lorsqu'ils apportent une explication ou une précision.

    Elle a décidé de démissionner, comme l’a fait sa collègue.
    Alexandre s'est rendu dans tous les pays, même en Bosnie.
    Remarque
    Cette règle s'applique même lorsqu'il y a plusieurs compléments circonstanciels l'un à la suite de l'autre en fin de phrase.

    LOIS FONDAMENTALES DE LA PONCTUATION

    Catach formule huit lois de la ponctuation. J'ai retenu celles qui me semblaient éclairantes pour notre enseignement.

    Première loi

    Tout segment syntaxique constitue en même temps un groupe de sens. La ponctuation doit donc respecter avant tout une loi fondamentale : sauf accidents de discours, ne jamais séparer ce que le sens unit étroitement (déterminant/déterminé, sujet/prédicat, verbe/compléments essentiels, copule/attribut, etc.).

    Loi des accidents de discours

    [...] L'accident du discours (et donc les risques d'ambiguïté) appelle les signes. La virgule, par exemple, apparaîtra dans trois cas : juxtaposition, incises, inversions de groupes. Les positions privilégiées des accidents de discours sont l'initiale et la finale. Les accidents internes, plus lourds à gérer, peuvent souvent être, sauf effet de style, évités (nécessité de deux signes au lieu d'un). [...]

    Loi de sobriété

    « Pas plus de signes que de choses à signifier » : il faut, conseille Beauzée, tenir à tout instant compte de « l'unité de la pensée totale, réellement indivisible ». Cependant, il faut tenir compte aussi de la clarté de l'énonciation. Un équilibre est donc à trouver entre les impératifs complémentaires de l'unité de la pensée, des accidents du discours et du souci d'éviter l'ambiguïté. [...]

    Loi de neutralisation

    Si en un point du discours plusieurs ponctuances doivent être marquées, et ne peuvent normalement l'être que par le même ponctuant, celui-ci n'est réalisé qu'une fois (ex. : le point final l'emporte en finale sur le point abréviatif).

    Selon Nina Catach, « ponctuer est un commentaire, mais également un choix, une interprétation métalinguistique. L'intérêt n'est pas de prescrire le bon signe, mais de préciser les choix qui peuvent se faire en chaque point de la chaîne, avec des signes correctement appariés8. » Il importe donc autant de comprendre le système de la ponctuation moderne que d'en connaître les règles particulières.

    Brève conclusion

    Considérons que ponctuer un texte (ou refuser de le faire ou décider d'enfreindre les règles) est un moyen pour l'auteur de communiquer au lecteur comment il a choisi de découper (ou de ne pas découper) ses idées et donc comment il souhaite que le lecteur les saisisse, les mette à nouveau en rapport les unes avec les autres de manière à reconstituer dans son esprit la masse informe de la pensée de l'auteur. Catach convient que le texte littéraire (produit artistique) enfreint souvent les règles de ponctuation et que ces transgressions sont significatives. Vous ajouterez, comme moi, qu'elles ne peuvent être significatives pour le lecteur que si ces règles lui sont connues. J'ajouterai également que notre enseignement ne porte pas uniquement sur l’interprétation ou la création de textes littéraires, mais aussi, et dans une large mesure, sur la rédaction de textes « objectifs » (analyses, dissertations...), types de textes qui exigent l'application des règles de ponctuation.

    * * *

    1. BEAUZÉE : mathématicien, logicien et linguiste; a écrit 135 articles de grammaire dans l' Encyclopédie de Diderot; auteur de Grammaire générale (1767). [Retour]
    2. DAMOURETTE, J. Traité moderne de ponctuation, Larousse, 1939.
      CATACH, N. (éd., 1977-1979). Recherches historiques et actuelles sur la ponctuation, Actes de la Table ronde internationale CNRS - HESO, Paris, Besançon, Bibliographie.
      Langue française (Catach éd., 1980), « La ponctuation »; articles de N.C., C. Tournier, C. Gruaz, J. Varloot, A. Lorenceau, L. Védénina, J. Perrot, R. Laufer, L. Pasques.[Retour]
    3. CATACH, N. La ponctuation, Que sais-je?, PUF, 1994, p. 109. [Retour]
    4. Ibidem [Retour]
    5. Catach compare le rôle que tient la virgule dans une énumération à celui du trait d'union dans un mot composé : la virgule permet à chacun des éléments de garder son caractère distinct, mais, en même temps, elle signale que cet ensemble d'éléments constitue une unité. Elle souligne que la virgule marque toujours une mise en facteur commun des éléments de l'énumération (comme en mathématiques, lorsqu'il est question de distributivité) [Retour]
    6. La virgule permet d'extraire, de déplacer ou d’ajouter dans la phrase un segment qui ne se situe pas sur le même plan que le reste de la phrase. Selon Catach, les virgules sont « les petites sœurs des parenthèses, plus discrètes et de valeur moindre, l'une d'entre elles pouvant être virtuelle ou réalisée ». Elles s'appliquent à ce que Goose appelle « termes libres », mais également à tous les cas d'inversion (non canonique) et d'ellipse. [Retour]
    7. La proposition circonstancielle peut être une subordonnée, qui contient un verbe conjugué, mais également une participiale (participe présent ou passé) ou une infinitive. [Retour]
    8. CATACH, N. La ponctuation, Que sais-je?, PUF, 1994, p. 56. [Retour]

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     De nul part et de partout.

     

    L'endroit qui m'a vu naître est loin dans ma mémoire.

    Les lieux où j'ai grandi sont divers et multiples.

    Aucune de mes attaches n'a vraiment résister

    Aux vents qui me poussaient souvent de tous côtés. 

    Par amour de l'écrit, je me suis cultivée.

    Autodidacte par nature, ouverte à tout.

    J'écoute, observe et tends la main à mon prochain.

    Les grands mots ne sont pas dans mon vocabulaire.

    Chacun peut me comprendre sans prendre un dictionnaire

    Et peut se reconnaître sans se prendre la tête.

    J'aime la poésie pour ce qu'elle m'apporte:

    Par elle, je traduis les choses de la vie.

    Par elle, je m'évade dans l'imaginaire.

    Avec elle, je me sens comme en apesanteur...

    Elle m'apporte l'évasion dont a besoin mon âme.

    Poétesse, je le suis, mais non pas prisonnière.

    Je suis petite poussière sur les ailes du vent

    Il est libre de souffler quand il veut et ou il veut

    Et nul ne peut emprisonner pas le vent !...

    Quand les muses me sollicitent,

    J'écris telle que je vie, telle que je suis : 

    Sans aucun apparat. Sans aucun tralala.

    Certains seront surprit de voir la poésie

    Que les muses m'inspirent, habillée de mots simples ! 

    Mais, à quoi sert, alors, d'être dame si belle

    Si l'on ne plaît qu'à ceux qui se disent cultivés ?

    Tous les êtres humains ont le droit de rêver

    Et, par la poésie, se sentir enchantés !

    Je pense aux gens comme moi, des gens sans prétention.

    Des gens que certains méprisent, mais dont ils font partie...

    Ma démarche sera donc sincère, sans présomption.

    Je n'ai pas l'intention de donner des leçons !

    Chacun pense ce qu'il veut, chacun fait comme il veut,

    N'ayant de compte à rendre un jour,

    que devant Dieu, pour ceux qui sont croyants. 

    Si j'écris, c'est d'abord pour me faire plaisir :

    J'essaie de concilier l'utile et l'agréable 

    Permettant à des mots qui s'accumulent en moi,

    De trouver, sous ma plume, le sens que je leurs dois.

    J'aimerais tant pouvoir consoler quelques pleurs

    Et, à travers mes mots, apaiser les douleurs !

    Faire oublier les peurs que je devine en ceux

    Qui n'ont plus le désir de croire encore en eux.

    On dit que la musique adoucit les mœurs.

    Je dis :" La poésie est la musique des cœurs". 

    Je m'adresse aux errants, aux hommes de tous âges.

    A ces adolescents : à ceux qui font naufrage.

    J'ai mal quand on enlève un enfant à sa mère !

    J'ai mal quand on méprise les vieux, les indigents !

    Je souffre pour ces femmes dont l'homme ou bien le fils

    Est gardé prisonnier !  Clandestinement tués !

    Pour ces femmes enlevées au nom de la politique !

    Et gardées en otage comme monnaie d'échange 

    Au nom de je n'sais quel pouvoir plus qu'abusif !

    Au nom d'un avenir bien plus que compromit...

    Je pense à ceux qui s'aiment sans en avoir le droit.

    Je crie au nom de ceux qui ont faim ! Qui ont froid !

    Ces gens n'ont plus la force de porter loin leur voix !

    Je parle fort pour ceux qui sont indifférents

    Et qui se fichent de tout c'qui n'est pas leur nombril !

    Tous ces propriétaires de bien très matériels

    Dont ils sont amoureux ! Dont ils sont pas peu fiers !

    Ce confort illusoire dont ils sont prisonniers,

    Mais qu'ils préfèrent garder plutôt que partager...

    Ils aiment la richesse ! Des autres, il s'en foutent !

    Ils oublient simplement qu'ils n'emporteront rien...

    Je sais ! Je les dérange, mais je n'en ai rien à faire !

    Ceux qui n'ont pas envie de m'entendre crier,

    N'ont qu'à fermer les yeux ! Se boucher les oreilles !

    Je suis ce que je suis et ne veux rien changer !

    Je suis celle qui dénonce la cruauté du monde

    Et qu'on veut museler. mais tant que je vivrai

    Ma voix continuera à crier haut et fort les injustices !

    Je continuerais à dénoncer la cruauté du monde !

    Je suis celle qu'on fait taire aux profit des gavés !

    Je n'aime pas les riches avares et profiteurs !

    Je suis idéaliste et je suis fière de l'être ! 

    Ca ne rapporte rien ! De ça, j'en suis consciente !

    J'ai ma conscience pour moi, c'est déjà pas si mal !

    Je veux croire qu'en ce monde de perdition,

    Tout n'est pas qu'intérêts truffés d'indifférence !

    Tout n'est que le fric, le sexe et la violence... Mais j'en doute...

      

     N. Ghis.

    Texte écrit en 1983.


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