-
Hermine Vénot-Focké, Présidente Honoraire de L'Académie des Poètes classiques de France est décédée en 1951.
Orfèvre en la matière, elle à publié un traité de prosodie. vous trouverez sa biographie sur internet.
ÉVOCATION
J'aime les soirs d'automne ou la nature est douce
La pièce est calme et dans un confort velouté
La vitre laisse voir une frondaison rousse
Et me cache la vie et sa réalité.Je cherche en rêvassant un sujet de poème
Et contemple, amusée en les reconnaissant,
Les ors un peu passés des vieux bouquins que j'aime
Et qui savent garder un attrait tout puissant.Ô lecture, compagne éloquente et fidèle,
Quel croquis merveilleux tu me fais ébaucher:
Hugo devant la mer, écrivant près d’Adèle,
Musset narguant la lune au dessus du clocher,Marcelline pleurant, car le sort l’écartèle,
Verlaine en sa prison priant pour ses péchés,
Puis le couple amoureux que le passé révèle,
Et sa fin dont encor' les esprits sont touchés:Quand Pétrarque mourut, la tête sur son livre,
Frôlant le nom de Laure en ultime baiser,
La battement final d'un cœur qui se délivre
Rythmait un dernier vers pour l'immortaliser!Hermine Vénot-Focké
votre commentaire -
Elan Vers La Provence
Pour consoler ma peine et trouver le repos,
J'aimerais m'en aller au pays des cigales,
Dans quelque lieu désert, ou l'on rêve, dispo...
D'un ciel pur je ressent les intenses fringales
Il me semble parfois que j'ai le cœur glacé
Et qu'en mon long voyage, il n'est jamais d'escales.
Je voudrais un instant oublier le passé,
Retrouver ce qui donne à tous le goût de vivre
Dans un espoir heureux et longtemps caressé.
D'un ruisseau merveilleux qui jaillit et rend ivre,
Auprès du tapis bleu des lavandes en fleurs
Et les ajoncs piquants aux corolles de cuivre
Couleraient sur mon front les dons ensorceleurs
Effaçant tout-à-coup l'angoisse et la fatigue
Sous l'éventail ailé des pigeons roucouleurs.
Embaumé des parfums stagnants dans la garrigue,
Des fruits piquetés d'or, au feuillage vermeil,
De la saveur sucrée et fraîche de la figue,
Mon courage endormit trouverait son éveil,
Et j'aurais, pour chasser un chagrin délétère
La moisson des beautés qui naissent du soleil:
Cet œil de Dieu qui brille exorcisant la terre!
Hermine Vénot-Focké
La terza Rima
Explication :
D'origine italienne, Martin Saint-René pensait qu'elle était la forme la plus vibrante de notre poésie. Son œuvre maîtresse (La traduction de la Divine Comédie de Dante) est entièrement écrite en terza rima et suit l’œuvre de l'auteur au plus près. Elle est magnifique!
La forme du poème est simple: la rime du 1er vers et la rime du dernier vers (celui-ci toujours isolé) n'ont que deux échos. La rime de tous les autres en a trois. Cette disposition doit être absolument respectée et le nombre de tercets n'est pas limité.
Hermine Vénot-Focké
votre commentaire