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Le chat de l'écrivain.Ecrire...
Ecrire est une joie exemplaire et sacrée.
La naissance d'un livre est un enfantement
Qui ne peut rebuter le poète qui crée
Son âme se libère en chassant son tourment.
L'homme ne sait jamais goûter l'heure présente.
Son paradis, croit-il, se perd dans son passé,
Ou bien son espérance aimable et séduisante,
Dans l'avenir lointain semble l'avoir placé.
L'imagination est une vaste source
Ou s'écoule un bonheur que l'on possède en soi,
Mais il faut le capter au milieu de sa course
Quand la réalité nous courbe sous sa loi.
Elle fuit quelques fois l'image poursuivie,
Mais l'art pour l'art existe et ne peut décevoir,
Lorsqu'à la beauté pure on consacre sa vie,
Elle fait naître des fleurs aux ronces du devoir.
Parfois l'esprit s'égare en puisant dans un gouffre
Un texte qui demeure imprécis et brumal.
Mais le style est plus pur quand le poète souffre,
Le plus beau vers jaillit où le cœur lui fait mal!
A René Hener
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Le pêcheur de lune
C'était un enfant songeur et très doux
Qui vivait au fond d'un petit village
Ignoré du monde et de ses jaloux,
Entouré d'un bois sans mur ni grillage.
Près de sa maison, dans le vieux jardin
Ou coulait sa vie un peu solitaire,
Etait un lac bleu, parfumé de thym,
Dont il déchiffrait le moindre mystère.
Caché sous un arbre, il goûtait le vent,
La fraîcheur des monts dominants la plaine.
Aux chant des oiseaux, il mêlait souvent
Le rythme léger d'une cantilène.
C'est là qu'il venait au temps du loisir
Soit avec un livre, assit sur la mousse,
Soit dans l'eau profonde où pour son bon plaisir
Il se plongeait nu, caché par la brousse.
Il aimait surtout les soirs d'été
Voir se refléter l'étoile fugace
Et la lune blonde. Un soir, envoûté,
Voulu la pêcher au fond d'une masse!
De ne la capter, il fut déçu...
Devenant adulte, il garda son rêve,
Et le rayon d'or un soir aperçu,
Dans son cœur prit feu et brûla sans trêve.
Conservant l'amour de ses jeunes ans
Pour tout ce qui vit, croît et respire,
Il regrette encor' ses jeux paysans
Lorsque dans la ville il pense et soupire.
Il n'a plus de lac et plus de jardin,
Mais leur souvenir fleurit dans sa tête,
Il sait y cueillir l'or de son destin,
C'est là le secret de chaque poètes.
Hermine Vénot-Focké
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